• Capsule réalisée en classe de petite section

ANALYSE DE LA VIDÉO

1 – Bienveillance, climat de classe sécurisant et statut de l’erreur

L’enseignante de la classe est enthousiaste et bienveillante. Elle instaure un climat de classe sécurisant pour les élèves, qui sont heureux de venir à l’école et n’hésitent pas à participer.

On voit qu’ils n’ont pas peur de se tromper : ils essaient. Quand ils se trompent, l’enseignante les encourage pour trouver la bonne formulation, le bon mot, et elle les félicite lorsqu’ils ont la bonne réponse.

Rappel : l’erreur est un processus normal dans tout apprentissage. Il est très important de rebondir sur les erreurs et de ne jamais gronder un enfant qui se trompe. Il est seulement en train d’apprendre.

L’enseignante de cette classe rebondit sur les erreurs comme il convient de le faire. Lors d’une séance (coupée), un enfant qui avait trouvé le pinceau dans le sac de Crocolou a utilisé le mot peinture à la place du mot pinceau. La maîtresse l’a alors interrogé : « Tu es sûr que c’est de la peinture ? » « C’est pour faire de la peinture »…

2 – Univers de référence s’appuyant sur le quotidien des enfants

L’univers de référence choisi par l’enseignante est celui de l’école, et donc du quotidien des enfants. En septembre, elle partait de l’album « Crocolou rentre à l’école ». Lorsque nous sommes revenus au mois de novembre, elle poursuivait, en enrichissant le vocabulaire de mots nouveaux, sur le même thème, à partir de l’album « Le monstre des couleurs va à l’école ».

3 - Classes grammaticales variées

L’enseignante varie les classes de mots qu’elle propose aux enfants, et n’utilise pas que des noms communs. Elle propose ainsi des verbes comme « peindre » ou « découper », mais aussi des adjectifs : « le sac du monstre est rouge ».

4 – Modélisation/construction de phrases

Il est important, peu à peu, de demander aux enfants de faire des phrases simples, puis de plus en plus complexes. L’enseignante de cette classe ne se satisfait pas d’un simple mot. Lorsqu’un enfant répond par un seul mot, elle le fait reformuler, en lui proposant la bonne formulation : « C’est un pinceau », « Il va à l’école », « Il a mis un feutre dans son sac ».
« Son sac est rouge ».

5 - Pistes pour enrichir encore ce travail :
• Travailler la phonologie : il convient de toujours être vigilant à la prononciation des mots proposés par les élèves. Ne pas hésiter à les faire répéter. Par exemple pour « pinceau », être attentif à la prononciation du [o], parfois prononcé [ɔ̃] (« on »). Ne pas hésiter à montrer, mimer ce que l’on fait avec la bouche pour prononcer correctement le son [o] : « Je fais un rond avec ma bouche et ma langue est au milieu de ma bouche ». Créer des imagiers par thèmes, accessibles (affichés) en classe
• Créer des jeux de loto, d’appariement (type « Memory ») pour nommer et répéter des mots, par exemple lors d’ateliers semi autonomes et peu à peu en autonomie totale.
• Créer des boîtes à histoires permettant de raconter l’histoire seul ou à plusieurs, en jouant, en manipulant.

AUTRES EXEMPLES D’ACTIVITÉS PERMETTANT DE DÉVELOPPER LE VOCABULAIRE

• La valise de Tchoupi
• La boîte à histoire

ARTICLE

La maîtrise du langage oral est une priorité en maternelle, car elle constitue le socle des apprentissages futurs, notamment en lecture et en écriture. Pour les élèves allophones, la maternelle est une étape cruciale, car elle marque leur immersion dans une langue nouvelle qui devient à la fois outil de communication et de pensée.

L’acquisition du vocabulaire est reconnue comme un prédicteur majeur de la réussite scolaire. Enrichir le lexique des enfants, en particulier pour ceux issus de milieux allophones, contribue à leur capacité à comprendre des textes, à raisonner et à s’exprimer clairement.

Comme le rappelle le guide "Pour enseigner le vocabulaire à l’école maternelle", un vocabulaire riche et varié permet d’établir des liens entre les concepts et d’approfondir la compréhension du monde.

Les élèves disposant d’un vocabulaire limité sont souvent freinés dans leurs apprentissages, non seulement en lecture, mais aussi dans des disciplines comme les mathématiques ou les sciences, où la compréhension des consignes repose sur des compétences lexicales solides.

En maternelle, l’enseignant joue un rôle clé en explicitant et répétant les mots nouveaux, en les contextualisant dans des activités variées et en encourageant leur réutilisation régulière.

Le guide « vert » "Pour enseigner le vocabulaire à l’école maternelle" insiste sur l’importance d’un bain de langage de qualité. L’enseignant doit multiplier les situations interactives où l’enfant peut écouter, comprendre et produire des énoncés.
Cela inclut :
• Le langage dans toutes les activités quotidiennes : l’enseignant verbalise constamment les actions, nomme les objets et commente les situations pour enrichir le vocabulaire (voir capsule vidéo).
• Des moments ritualisés : comptines, histoires et chansons structurent le quotidien, offrant des repères linguistiques essentiels.
• L’acquisition progressive du vocabulaire : le travail par thématiques, en commençant par l’univers de l’enfant, couplé à des supports visuels, permet une meilleure mémorisation et contextualisation des mots.

Mireille Brigaudiot (chercheuse qui travaille sur le langage en maternelle : https://mireillebrigaudiot.info/) souligne l’importance des activités, comme les jeux d’imitation ou la verbalisation dans les coins jeux. Ce sont des terrains fertiles pour le langage, en particulier pour les élèves allophones. Elle insiste sur :
• Les feed-back (retours de l’enseignant) : lorsqu’un enfant tente une production orale, l’enseignant valorise l’effort et reformule correctement, renforçant ainsi la confiance et les apprentissages.
• Le langage comme stabilisateur cognitif : en reliant les expériences passées, présentes et futures, le langage aide à structurer la pensée et à apprivoiser la nouveauté.
• L’introduction à la "langue de l’écrit" : les élèves doivent être familiarisés avec des énoncés proches de ceux de l’écrit pour préparer leur passage au CP. Cela passe par des récits, des textes lus et la production guidée d’écrits.

Pour les élèves allophones, il est essentiel de :
• Proposer des appuis visuels et gestuels : les images, pictogrammes et gestes compensent les manques de compréhension initiale.
• Favoriser la collaboration : le travail en petits groupes ou avec des pairs plus avancés aide les enfants à progresser.

L’enseignant joue un rôle clé dans la réduction des inégalités. Éviter les questions fermées (pour lesquelles les élèves peuvent répondre par un simple « oui » ou « non ») et préférer des approches ouvertes ou narratives permet à chaque enfant de s’exprimer à son niveau.

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